28 septembre 2022
Myriam Peinture :
L’acte de peindre est pour moi un mouvement d’élan de vie qui prend sa source dans le réel, même si ce qui advient sur la toile n’en laisse rien deviner. C’est un temps méditatif qui nait du mouvement, du chant, de la vibration qui m’habitent au quotidien. Puis cela chemine au gré des jours, des rencontres, des émotions, car ce que la toile va offrir est totalement imprévisible. J’accueille ce qui se construit au fur et à mesure des gestes, des mélanges de couleurs, de textures. La toile se transforme, et les différentes strates qui se laissent deviner sont autant « d’histoires » qui se racontent et qui émergent de l’intime.
Puis elle devient rencontre joyeuse avec l’autre, celui qui pose son regard sur cet invisible, rendu visible par l’imaginaire individuel. La sensorialité du regard permet d’expérimenter des états sans cesse renouvelés.
Je souhaite vous inviter à vous laisser toucher par votre propre curiosité à vous-même ; de même que je me laisse surprendre par l’émergence de la nouveauté, laissez-vous surprendre par ce que les toiles éveillent en vous. Partageons cette expérience éphémère, rencontre entre nos profondeurs et nos ressources insoupçonnées.
L’acte créatif simple nous connecte à l’enfance, au repos du mental, à notre incarnation. Elle est source de joie depuis les origines de l’humanité.
Christian Gandiol :
Photographier m’a appris à ralentir pour découvrir ce que je croyais déjà connaître, à prendre ainsi le temps de contempler ce que chaque jour me donne à voir, à me laisser émouvoir face à la beauté de l’instant, aussi discret ou quotidien soit-il, mais jamais banal dans la mesure où je lui prête attention.
C’est à chaque fois une rencontre fugace qui s’offre sans crier gare et que l’image qui en découle réfléchit parfois de façon imprévisible et mystérieuse dans la mesure où je sens que quelque chose alors m’échappe et m’échappera toujours. Ce défaut de maîtrise constitue et révèle à mon sens toute la poésie que recèle pour moi la photographie, une indicible complicité entre le photographe et son sujet.
Et je souhaite que cette complicité gagne le visiteur qui, à mon sens, parachève cette rencontre du photographe avec son sujet quand il est lui-même touché par l’image qu’il regarde et la recrée en quelque sorte au regard de ses propres souvenirs et de son imaginaire singulier. L’image peut alors susciter en lui des émotions fortes, inattendues parfois, le convoquant malgré lui à retourner le regard sur lui-même, à flâner au cœur de son intimité, en ce lieu invisible au premier regard.
Paradoxalement, en effet, c’est l’invisible qui m’appelle par-dessus tout derrière les habits de lumière que me donne à voir le spectacle mouvant de la vie. Car je crois qu’une part d’inconnu, de mystère, échappera toujours à notre regard, lequel mystère ouvre la voie, en revanche, à la force créatrice infinie de l’imaginaire et du rêve.